PREMLATA SINGH
60 ans. Mère de Shashi.
« Lʼassociation Sruti est très bien. Nos enfants vont devenir connus. Beaucoup de choses ont changé dans le village depuis la mise en place du projet de couture. Avant, les gens étaient paresseux. Maintenant, le village est devenu plus dynamique et progresse. Les gens se sont aperçus quʼils pouvaient faire des choses par eux–mêmes. Les pères sont très contents que leurs filles fassent cette formation, car cʼest un grand avantage quand ils veulent les marier ! »

Plus une jeune fille a étudié et appris d’autres activités comme la couture, plus sa « valeur » augmente et moins importante sera la dot que sa famille devra payer pour la marier…

Premlata Singh

« Lorsque les futures belles-familles apprennent que la jeune fille vient de Bamrouli, elles savent alors quʼelle a fait la formation et obtenu un diplôme de couture, et en sont ravies. Avant, les femmes étaient tout le temps à la maison en train de sʼoccuper des tâches ménagères. Maintenant, elles ont une autre activité qui leur permet dʼapprendre à coudre et à devenir, petit à petit, plus indépendantes.

Quand les jeunes filles et les femmes mariées gagnent de lʼargent, elles le gardent pour elles et lʼutilisent le plus souvent comme elles veulent. Les filles voudront sʼimpliquer davantage une fois que lʼécole sera construite. Certaines ont trouvé du travail grâce à la formation. »

« À Bilsapur, Bisandar, Philibit ou bien Shahjahanpur, les gens savent quʼil y a la formation de couture à Bamrouli et certains magasins ont passé des commandes aux filles. Elles font des pièces de “zari” (type de galon, cousu à la main) et de « cutdana » (broderies avec des perles). Ainsi, une vingtaine de femmes gagnent de lʼargent au village depuis que les cours de couture ont commencé.

À Bamrouli, personne nʼavait jamais vu une fille comme Shashi réaliser tout ce quʼelle a fait ! Shashi a eu beaucoup de chance de rencontrer Alex. Si certains ne sont pas contents de lʼassociation, ils ne nous le disent pas, mais je pense que personne nʼest contre. Jʼespère que ce projet dʼécole de couture se concrétisera… Je veux vraiment que le rêve de ma fille se réalise. »


RAKESH SINGH
60 ans. Père de Shashi.
Agriculteur et propriétaire de terres agricoles. Tandis que ses frères vivent en ville, Rakesh Singh a préféré rester dans son village natal. Il adore y vivre. Il possède une maison à Shahjahanpur, mais évite dʼy aller trop souvent, préférant le silence et la simplicité de la campagne. Rakesh Singh a fait don dʼun terrain de 1200 m2 à lʼassociation Sruti.

Rakesh Singh

« Jʼai donné mon terrain à lʼassociation car jʼai estimé que cʼétait une bonne chose… Ainsi, il servira pour quelque chose dʼutile. Cʼest pour le bien-être de notre société, de notre village.

Jʼaimerais que lʼassociation de ma fille et son engagement soient reconnus. Les cours de couture ont actuellement lieu dans ma maison, où il y a des hommes. Les villageois nʼaiment pas y envoyer leurs filles à cause de cette raison. Jʼaimerais quʼun jour, nous ayons une vraie école… »


SANJAY SINGH, dit « SANJU »
Frère de Shashi. 25 ans.
Agriculteur, il fait également office de professeur. Juste une heure dʼinitiation aux apprentissages de base (lecture, écriture, mathématiques), tous les jours, pour les enfants qui nʼont pas la possibilité dʼaller à lʼécole.

Sanjay1

« Jʼaime enseigner, surtout aux enfants. Jʼaime beaucoup être avec eux. Mais il nous faut un bâtiment pour lʼassociation, un vrai espace. Nous aurons alors davantage dʼenfants. Je souhaite que cette association continue et se développe, parce qu’elle apporte du progrès. Pas pour moi, ni pour ma soeur, mais pour la communauté.

Moi, je suis content, ici, dans le village. Jʼaime quand il nʼy a pas de discrimination entre gens riches, pauvres, hautes castes, basses castes… Jʼai vraiment envie de faire quelque chose pour notre village. La plupart des habitants sont heureux avec lʼassociation Sruti. Les parents les plus pauvres (qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à lʼécole) sont ravis que Sruti existe et que leurs enfants aient de lʼespoir à nouveau. »

« Les femmes sont timides ici. Ah bon, elles disent que les hommes nʼaiment pas quʼelles travaillent ?! Je pense quʼelles se font des idées elles–mêmes. Moi et mes potes, ça va, nous nʼavons pas de problème, si les femmes travaillent, tant mieux ! Elles ont cette impression parce que cʼest ce quʼon disait avant, cʼest ce que leurs mères doivent dire… Et elles vivent avec cette idée. Si elles veulent travailler, qui sommes–nous pour les en empêcher ? »

Qui croire ? Sanju a beau faire partie de ces jeunes ouverts d’esprit, on ne peut ignorer cette mentalité étriquée et traditionaliste qui veut que les filles soient éduquées dans la perspective du mariage et de l’obéissance au foyer, et non dans l’indépendance. La situation est bien plus complexe que cela…