Depuis l’année dernière, beaucoup de choses ont évolué. Le bidonville s’est largement agrandi avec l’arrivée de familles venant de bidonvilles qui ont été éradiqués à Delhi ou venant des villages aux alentours dans le but de trouver un travail. On compte désormais entre 75 et 100 familles, soit  200 enfants.

Beaucoup de maisons ont été construites en terre séchée. Le bidonville est plutôt propre et des rigoles d’évacuation des eaux ont été faites. De plus, un trou entouré de palissades a été creusé, faisant office de latrines. 1 robinet d’eau potable a aussi été installé par la ville de l’autre côté de la route en direction de l’école. Les résidents du bidonville ont donc désormais accès à de l’eau propre et s’en servent. Même si la plupart des personnes restent chiffonniers, certains ont investi dans des cyclorickshaws (vélo-taxis indiens) pour gagner leur vie.

Certaines femmes ont commencé une activité de couture et vivent un peu de la vente de leurs broderies. Lors de notre visite du bidonville, nous avons rencontré 2 femmes enceintes dont une en très mauvais état général. Sur les 7 bébés vus,  un présentait une infection pulmonaire. Globalement, ils étaient tous malnutris et présentaient une mauvaise hygiène corporelle. Avec désormais l’accès à l’eau, des améliorations vont être possibles dans ce domaine.

D’autres femmes sont aussi obligées de recourir à une activité de prostitution au sein du bidonville. Nous avons organisé une rencontre avec les femmes du bidonville pour une séance d’éducation à la santé et aussi pour avoir leur avis sur la scolarisation de leurs enfants dans la petite école Sruti et pour certains dans une école privée.

 Le sujet abordé lors de cette rencontre a été celui des complications dans le post-partum immédiat et dans les jours suivants l’accouchement pour les femmes et leurs  nouveaux-nés (hémorragies, infections, alimentation…) et les gestes à faire en prévention.

 15 femmes ont assisté à cette réunion. 12 enfants sont nés cette année au sein du bidonville mais 5 sont décédés entre l’âge de 10 jours et 6 mois (malnutrition ou/et infections). Aucune de ces femmes n’a consulté durant sa grossesse. En revanche, la matrone vient souvent dans le bidonville. Elle est payée 1 000 roupies par les patientes (soit environ 17 euros) pour venir faire l’accouchement à domicile, ce qui est une somme très importante pour ces femmes. Nous n’avons pas pu la rencontrer cette fois-ci. Actuellement, les femmes commencent à aller accoucher à l’hôpital et en sont plutôt contentes. C’est une évolution très positive.

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Elles ont avoué que c’était d’abord pour des raisons financières (une somme d’argent est versée par le gouvernement à chaque femme qui accouche à l’hôpital). Les autres femmes auraient aussi voulu accoucher à l’hôpital mais n’ont pas eu le temps de s’y rendre ! J’ai beaucoup parlé de certaines règles d’ hygiène à respecter au moment de l’accouchement, des soins du cordon ainsi que de l’allaitement.

Les femmes ont aussi demandé si l’association Sruti pouvait mettre en place une école de couture pour elles et leurs filles en âge de coudre. Elles sont désireuses d’une autonomie financière et d’une amélioration de leurs conditions de vie. C’est toujours une femme du bidonville, Menej, rémunérée par l’association Sruti, qui continue de nettoyer les locaux de l’école et préparer le repas hebdomadaire des enfants.

 Sinon, je n’ai pas pu rencontrer le responsable de l’UNICEF à Lucknow en raison de son absence pendant la fête des lumières. A voir lors d’une prochaine mission.

CONCLUSION :

– Les séances d’éducation à la santé doivent continuer et être ciblées sur les infections génitales et sexuellement transmissibles, la stérilité,  la santé des enfants, l’alimentation +++, les soins et les règles d’hygiène. Il y a un gros travail à faire sur ce dernier point maintenant que l’eau est accessible, y compris au sein de l’école (cf. rapport de Catherine Blanche). Il s’agira aussi d’améliorer la qualité du petit-déjeuner quotidien donné aux enfants (introduire des œufs, des fruits, des galettes… et abandonner les chips ou autres cacahuètes) si l’association Sruti peut, bien sûr, augmenter ce budget. De plus, le lavage des mains va être mis en place avant et après la collation. Sans oublier le lavage des dents !

– Il faudra aussi trouver des brochures d’éducation à la santé mieux adaptées pour les populations des bidonvilles, en particulier sur l’hygiène et l’alimentation.

– La demande de cours de couture pour les femmes du bidonville est à réfléchir au sein de l’association Sruti, en fonction de ses objectifs et de ses moyens financiers.

– A plus long terme, il serait intéressant de monter un projet de réinsertion professionnelle pour les femmes prostituées du bidonville. Shashi, particulièrement sensible à ce sujet, sait que cela prendra du temps, et attend beaucoup de l’école de couture que l’association pourrait créer.

– Rencontrer la matrone qui continue à accoucher les femmes dans le bidonville.

– Rencontrer le responsable du bureau de l’UNICEF, à Lucknow (lien possible avec des travailleurs sociaux de la ville par son intermédiaire, livres d’éducation à la santé adaptés…).

Delphine Marion,
Référente santé pour l’association Sruti